Voyagez au cœur du cristal grâce au musée de Cluny !

Quel est le point commun entre Tintin, George Sand et Charlemagne ? Pour le savoir, rendez-vous au musée de Cluny… Il ne vous reste que quelques jours pour visiter l’exposition Voyage dans le cristal !

Un symbole universel de pureté


Barthélémy l’Anglais, Livre des propriétés des choses, Paris, BNF, Français 218, f. 254v.

Dès l’époque préhistorique, le quartz est travaillé dans de nombreuses sociétés. Mais c’est surtout le quartz hyalin, ou « cristal de roche », qui retient l’attention. Transparent comme le verre, il est un symbole de pureté, tandis que sa dureté représente un défi technique pour l’artisan. Il a aussi l’avantage d’être assez commun : on le trouve à peu près partout, notamment au fond des rivières. Les encyclopédistes consacrent plusieurs pages aux minéraux et s’intéressent aux techniques d’extraction et de taille du cristal. Barthélémy l’Anglais (XIIIe siècle) décrit le cristal comme une pierre qui a la « couleur de l’eau, car elle est engendrée par la neige ou par de la glace endurcie par moult temps ».

Un objet de luxe et de pouvoir

Avec le temps se développent des pôles spécialisés dans la création cristalline. Constantinople, Bagdad et Le Caire dans la seconde moitié du premier millénaire et autour de l’an 1 000 ; l’atelier de Cologne à partir du XIIe siècle ; les ateliers milanais au XVIe siècle : tous ces centres de production répondent à une forte demande. Le cristal est en effet recherché par les élites : on le trouve dans les bagues portées par les rois ou les papes, dans des têtes de lion qui ornaient probablement les accoudoirs d’un trône, ou encore dans des sceptres et des crosses d’évêques. Il orne aussi la vaisselle de luxe ou les boîtes de jeu, comme celle connue sous le nom d’« Échiquier de saint Rupert ». Sur une face, un échiquier, sur l’autre, un plateau de trictrac. Sa préciosité lui a valu d’être réutilisée dans l’église collégiale d’Aschaffenburg, probablement comme autel portatif ou comme reliquaire.


Plateau de jeu d’Aschaffenburg, dit « Échiquier de saint Rupert », vers 1300, Aschaffenburg, musée de la ville.

Les Carolingiens favorisent aussi le travail du cristal : en témoigne cette intaille (pierre gravée en creux) représentant le Christ en croix. Sans doute réalisée à la cour de Charles le Chauve au IXe siècle, elle ornait peut-être le tombeau des saints Denis, Rustique et Éleuthère dans la basilique de Saint-Denis.


La Crucifixion, troisième quart du IXe siècle, Londres, British Museum.

Divin cristal

Au Moyen Âge, le cristal de roche est aussi un symbole divin : dans le livre de l’Apocalypse, la Jérusalem céleste a une architecture cristalline. Le cristal est le matériau de prédilection des objets saints. Par exemple, le reliquaire dit « A de Charlemagne » comporte une lentille en cristal. Grâce à l’effet de loupe, les fidèles pouvaient mieux observer la relique qu’il contenait (image de gauche). Les propriétés optiques du cristal sont en effet connues depuis l’Antiquité, et le même procédé est utilisé dans cette mignonne relique conservée dans du cristal de roche, qui date du XIIe siècle et à laquelle on a ajouté des roues au XVIIIe siècle (image de droite).

Dans les bustes reliquaires de Jérémie et Philon d’Alexandrie, des ventres de cristal permettent d’observer non seulement des reliques mais aussi des bandelettes de papier prouvant l’authenticité de ces dernières (image de gauche). Quant au bras reliquaire de saint Luc, il contient un tube en cristal destiné à accueillir une relique du bras de l’évangéliste (image de droite).

Cristal magique

Enfin, on attribue au cristal – comme aux autres minéraux précieux – des pouvoirs magiques. Sous forme de pendentif ou d’amulette, le cristal a des vertus prophylactiques. Attestées dès les Mérovingiens, les fameuses boules de cristal prennent un usage divinatoire vers 1600 avec John Dee, occultiste d’Élisabeth Ire, qui signait toutes ses prophéties d’un « 007 » – 00 pour les yeux de la reine, 7 en guise de signature personnelle. Ces croyances ont traversé les siècles jusqu’à nos jours : on retrouve ainsi les propriétés magiques du cristal dans Indiana Jones, Tintin ou Dragon Ball Z. L’exposition Voyage dans le cristal, dont le titre rend hommage à une nouvelle de George Sand, montre que le Moyen Âge a sa part dans cette histoire qui se joue sur le temps (très) long.

Informations pratiques

Voyage dans le cristal, musée de Cluny, jusqu’au 14 janvier.

Horaires du musée : 9 h 30-18 h 15 (tous les jours sauf le lundi). Nocturne le jeudi 11 janvier (18 h 15-21 h 15).

https://www.musee-moyenage.fr/activites/expositions/expositions-en-cours-.html

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